Je suis ici

Je suis ici, là entre ces deux portes, entre ces deux secondes.

Je suis ici, avec mon corps, ma vie, mes histoires et mes rêves.

Je suis ici, avec mon passé, mes souvenirs, mes espoirs et mes doutes.

Je suis ici, et je vis.

A m’en couper les cordes…

 

J’ai vécu toute cette vie, comme une succession de jours, j’ai vécu jusqu’ici, comme si le temps était compté, comme si ma vie était contée. Comme si je la dirigeais d’un pas à l’autre, d’un moment à l’autre. Comme si je pouvais garder le contrôle.

 

J’ai vécu chaque instant, comme si tout avait un but. Et si le but, c’était simplement de vivre chaque instant ?

 

Comme si chaque seconde était une expérience à vivre, un moment à savourer. A chaque mot, à chaque rencontre, à chaque lieu, une histoire se déroulait sous nos pieds. Ce chemin, qui nous paraît parfois si difficile, si long, si aride, si ce n’était qu’une succession de pas, qui pour chacun était de la plus haute importance.

 

Et si chaque événement de ma vie avait permis que je sois celle que je suis, ici. Si chaque aventure, chaque rencontre, chaque discussion, chaque obstacle m’avait conduit à être ce que je suis aujourd’hui.

 

Et si le sens de tout ce qui m’est arrivé, tenait dans un seul mot « être ».

 

Si cet « être » prenait racine, ici, et si toute la douleur, toutes les peurs, toute la colère que j’ai ressenti jusqu’à présent, m’avaient permis de devenir cette personne, cette âme, cette femme, que je suis devenue, aujourd’hui.

 

Et bien, si tout cela est vrai, si tout ce qui m’est arrivé m’a permis d’arriver à cet instant présent, à celle que je regarde, ici, dans le miroir, je l’accepte de tout mon corps, de tout mon être, de toutes mes forces. J’accepte toutes ces douleurs, toutes ces torpeurs, toutes ces angoisses, j’accepte les doutes, les questions, les vérités qui fâchent, j’accepte mes nuits blanches, mes crises, mes pleurs, mes cris… J’accepte tout ce qui m’a amenée ici, aujourd’hui. Je suis ici, et je suis tout ce que j’ai vécu jusqu’ici.

Kristell L.

Photo : Bali, Janvier 2018

 

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Je suis ici

Ce matin 

Ce matin, j’ai réalisé un vieux rêve que j’avais oublié,

Ce matin, j’ai traversé une mangrove à la barque,

Ce matin, je me suis retrouvée seule au milieu de cette forêt qui a trouvé ses racines dans l’eau salé, 

Ce matin, j’ai écouté la forêt, 

Et j’ai réalisé que nous sommes tous reliés,

A ces arbres qui plongent leurs fruits pour former de nouveaux arbres, 

A cette nature qui vit en équilibre sur cette planète, 

A cette océan qui abrite une multitude de vie,

Oui, ce matin j’ai réalisé…

Kristell L. 

Au creux de mes mains

Voyager… 
Faire son sac, et partir loin,
Loin de sa vie, loin des siens. 

Prendre le large, et quitter le port, 
Sans trop savoir, où l’horizon nous emporte, 
Ce que nous apportera le vent.

Rêver à d’autres vies, d’autres mers…
Avide de découvrir l’univers,
Et s’essoufler de ce long voyage

Dans nos nuits, la maison s’ennuie, 
Cet endroit douillet qui nous attend, 
Elle nous tend les bras, nous entend…

L’horizon est là, tout près, 
A portée de doigts,  
Je crois le dessiner, et puis plus rien.

La ligne de fond a disparu, au creux de mes mains.
Il est temps maintenant, 

Temps de rêver à demain. 

Kristell L. 

Vie à l’horizon

Entre deux ciels…
Un ciel rempli d’étoiles et d’étincelles
Et l’aube à venir,

Entre deux volcans…
Ce volcan en éruption, grimpé, il y a deux ans
Et celui, escaladé au milieu de cette nuit

Entre deux années….
Celle qui s’est terminée en beauté,
Et celle, qui pointe le bout de son nez

Entre deux vies…
Ma vie bien aimée, ma vie de Paris,
Et celle qui advient, celle que je deviens….

Kristell L.

Le saule de Wanaka

A la courbe d’une de tes branches, je me suis réfugiée,

De la rugorisité des villes, des trottoirs sourds et des cages en acier.

Tapie sous les feuilles de ton avenir, j’ai attendu,

Un avenir plus doux, un désir sans nom, une étoile inconnue.

Recroquevillée contre la mousse de tes racines, j’ai prié

Qu’une fée dirige mes ailes, qu’un ange vienne me bercer.

Adossée à l’unique écorce de ton coeur, j’ai rêvé,

Que la cîme de ton être me protège et m’entraîne de l’autre côté.

Kristell L.

Le silence et les mots

Ils vont, ils viennent, ils se livrent une grande bataille. Comme si leur vie en dépendait. Comme si leur existence était remise en cause à chaque instant.

Alors là-haut, dans le grand ordre des pensées, ils ne connaissent pas de répit. Ils avancent, reviennent, jouent, attaquent, font une percée, jusqu’à ce que l’attention les retienne.

Cet assault perpétuel des mots ressemblent à la prise de la Bastille. Ce n’est pas moins une guerre des corps, qu’une guerre des idées. Et elle se livre tous les jours, toutes les minutes, sans repos.

Ah si les mots pouvaient être moins arrogants, et s’entraider, pour aider la pensée à être plus claire, plus libre.

Car c’est avant tout, une guerre pour la liberté, pour l’amour et la bonté, qu’ils devraient mener. Et non une guerre de préjugés, de notoriété et de pouvoir.

Kristell L.

Insomnie

Lasse, à l’aube de l’épuisement, je ne trouve plus que la plume pour me raccrocher à la couleur de la nuit.

Il est une heure raisonnable pour m’endormir, et pourtant mon esprit reste éveillé.

La nuit s’étire, les minutes se tendent, et le rêve se fait attendre.

L’interrupteur de détresse ne fonctionne plus, et me laisse avec mon insomnie.

Ah, la Belle Cassiopée, je t’aperçois, au loin, à travers les chênes, brillante de ton savoir.

J’aimerais pouvoir m’accrocher à l’une de tes branches, et m’envoler avec toi pour d’autres univers.

Si Vénus pouvait m’envoyer quelques miettes de l’espace, je pourrais peut-être trouver ma place entre Persée et la Grande Ourse.

Dessiner un saule pleureur, au milieu de la voie lactée, et m’inventer une tragédie grecque avec des assassinats et des Odyssées.

Du Palais des Nymphes, le sommeil n’arrive toujours pas, et je crève d’envie d’hurler aux louves de chasser la Lune, pour m’aider à trouver la vague de l’au-delà.

Kristell L.

Une île

La douceur de vivre des îles n’occulte aucun nuage du quotidien. Elle permet juste quelques instants de se laisser aller au rythme des îles, un autre tempo, aux rythmes indécents.

Un, et deux, et deux, et quatre. Le trois a été mis de côté, trop froid en ces saisons chaudes. Alors, la musique peut reprendre.

Un, et deux, et deux, et quatre.

Les vagues choisissent les notes qu’elles sifflent dans les rochers, les galets et les dunes. Une à une, elles émettent leurs idées, et irriguent les ondes de la côte de mélodies parfois bleues turquoises, parfois bleues indigo. A chacune son style.

Alors l’île se met à chanter, un air dont personne ne reconnait l’auteur, une mélodie bien à elle, façonnée par le vent, l’écume de la mer, et le sable. Ce cliquetis et les chants des oiseaux sont parfaitement accordés, et créent cette ivresse des îles si particulière.

Et puis la nuit apparaît sur l’eau, s’étend à la lueur des feux lointains et le silence vient. Rappelée par les étoiles, la mélodie s’éteint au profit du silence de la lune.

Kristell L.

La forêt

A l’aube, au creux de la forêt, les rouges-gorges commencent leur journée…

Et moi je m’étends, au fond de mon lit, à l’abri de la vie,

 

Je tends l’oreille, et j’entends

Le craquement des branches sous le poids du vent

Des ailes de la mésange, chaque battement

Et le bruit sourd des cascades de noisettes

 

J’ouvre les yeux, et je découvre,

La solitude des arbres et d’un écureuil

La douceur du matin et du chèvrefeuille

Et la brume d’automne sur les feuilles

 

Je sens la forêt, et je ressens

Cette absence de vitesse, cet apaisement,

Cette douceur calfeutrée, cet isolement,

Ce rythme de l’automne, qui s’apprend…

 

Kristell L.