Le rêve d’Adriana

Adriana-Sophie, 28 ans, est ingénieure de la paix, et vit à Choisy le Roi, dans le Val de Marne.  Elle est BEO d’HONESTY, Best Executive Officer, elle est la personne, qui porte du mieux possible la création d’HONESTY. Elle a choisi le mot « Honnête » pour se définir.

« Mon rêve, c’est toujours le même, il s’appelle toujours PAIX. »

Lorsque tu étais enfant, quel était ton rêve ?

Faire la paix et me sentir bien. Aussi loin que je me souvienne, depuis petite, quand je souffle mes bougies, ou quand je fais un vœu, je souhaite la paix dans le monde et mon bien-être. Toujours les deux ensemble. Je n’arrive pas à séparer les deux. Si je dis l’un, il faut que je dise l’autre. Depuis toute petit, c’était mon rêve. En primaire, un jour, on m’a demandée quel était le métier que je rêvais de faire. Je ne sais plus, ce que j’ai répondu, c’était un dessin. Je sais que je n’ai pas dit ce que je voulais vraiment. Ce que je voulais c’était marquer l’histoire. Je n’ai pas jamais pensé à un métier, mais je voulais être dans les livres d’histoire.

Pourtant je n’aimais pas les cours d’histoire. C’est peut-être pour ça que je voulais être dans les livres, j’ai dû me dire, « si j’y étais, ce serait cool ». Je ne me considère pas du tout comme une intellectuelle, je me considère, comme venant d’un milieu non éduqué, et je le dis avec fierté. J’ai toujours entendu cette phrase « du milieu non éduqué » comme quelque chose, dont il fallait avoir honte, mais moi je suis heureuse qu’on n’ait pas eu une éducation classique, mais une éducation de la vie. Dans mon milieu, on ne connaît que les plus connus, et le plus connu, c’était Martin Luther King. Etre comme lui, quelqu’un qui lui ressemble, être connu pour avoir défendu la justice, et la paix.

As-tu déjà réalisé un de tes rêves ? Si oui, lequel ?

Plein… J’avoue et j’en suis fière. Parce que j’ai monté HONESTY, sur l’idée qu’un rêve n’est jamais trop grand, jamais trop fou pour être réalisé. J’ai écrit ça pour me donner la force de réaliser mes rêves, et de ne pas en avoir honte. Parce qu’un rêve comme le mien, avec une partie sur mon bien-être, ce qui paraît très égoïste, et avec une partie sur la paix dans le monde qui paraît très ambitieuse, c’est difficile à porter. Mon rêve n’est ni trop égoïste, ni trop ambitieux, c’est mon rêve donc je peux le faire.

La première étape était de sortir un livre, l’équivalent de plusieurs de mes rêves, comme écrire mon autobiographie. J’ai donc écrit ce livre, avec mon autobiographie et, en même temps, un auto-coaching pour faire la paix dans le monde. Dans ce même livre, on trouve également une ébauche de ma réflexion sur « comment faire la paix à plusieurs ».

Sortir ce livre, cela a été mon premier rêve éveillé. Je parle souvent de l’idée de réaliser ses rêves. Il y a un rêve que je suis en train de vivre là, tout de suite, en étant assise avec toi, d’être interviewée, et qui plus est, par quelqu’un, avec qui je sens une super connexion. C’est un rêve, d’avoir trouvé les gens qui m’entourent, d’avoir trouvé ma place. Je me sens à ma place. Quand je réalise un rêve sur le moment, je ne m’en rends pas compte. Quand j’ai sorti mon livre, la veille, je ne voulais plus, j’étais en pleurs, c’était une des premières fois que je pleurais dans les bras de quelqu’un. Le jour J, j’ai tout fait parfaitement, c’était hyper naturel de le faire. Mais le moment où j’ai réalisé que je réalisais mon rêve, c’était à peu près au milieu de l’événement. Au moment où j’ai pris le micro, pour lire le discours que j’avais préparé, je réalise que je me suis créée la plateforme de parole, dont j’avais toujours rêvé. Tout le monde était prêt à entendre ce que j’avais à dire. Et là ce qui se passe en ce moment, mais comme je suis en train de le vivre, c’est difficile de l’analyser en même temps, il y a beaucoup de pleurs, à l’intérieur. Comme les turbulences, quand tu prends l’avion, tu ne vois pas ce qui passe à l’extérieur. Je suis très reconnaissante pour tout ça, car je ne suis pas sûre qu’il y ait beaucoup de gens qui puissent se permettre de dire oui à cette question.

Quel est ton rêve aujourd’hui ?

C’est toujours le même, il s’appelle toujours PAIX. Tous les jours, il s’appelle Paix. Par contre, ce qu’il veut dire, cela dépend des jours. Durabilité, stabilité, dans cette paix, ce truc que j’ai construit, je réalise que c’est fait. Maintenant, il faut tenir, continuer. Durabilité et communauté ensemble. J’ai créé HONESTY, comme un voyage de l’honnêteté à la paix. La première grosse étape du voyage est très centrée sur soi-même, je l’ai appelé l’amour H « Me mener moi-même ». J’ai réalisé que je me mène moi-même, même si de l’extérieur, les gens n’ont pas toujours l’impression que je me maitrise. J’adore les émotions, je trouve que les émotions sont nos amies. Je suis très heureuse de m’être réconciliée avec les miennes. La suite du rêve, c’est ensemble. Trouver ce rythme de croisière à plusieurs.

Quelles sont les personnes qui te soutiennent dans ton rêve ?

Ma mère, forcément. Ma mère, c’est très particulier, car elle est à la fois, le moteur et le frein du rêve en même temps. Ma sœur, elle représente beaucoup. Elle me permet de ne pas minimiser mon rêve, comme c’est une des personnes avec qui c’est le plus difficile pour moi de faire la paix, car nous sommes diamétralement opposées. Elle me rappelle que je veux englober le maximum de personnes possible. Ma mère et ma sœur, c’est mon socle, mes piliers, quelques soient nos relations.

Après ça devient plus compliqué, parce que je suis en pleine période d’ouverture. Je vais dire les noms qui me viennent spontanément : Yasmine, Gabrielle, toi, Suzie, Nawelle, Patou, Tata Nicole, Tonton Koffi, Anna-Gaëlle, Yannik, Antony, Lodde, c’est grâce à lui que j’ai les yeux ouverts, Faïza, Kenat. Y en a beaucoup en fait. Je vais m’arrêter là. Tous ceux qui sont dans ma vie depuis très longtemps, et puis il y a beaucoup de nouveaux. Les nouveaux ont été là pour m’ouvrir les yeux sur les anciens. Je suis quand même quelqu’un qui prend en compte le temps. J’ai un peu peur de la non durabilité. C’est pour ça que j’ai envie de partir à l’autre bout du monde, et en même temps, je sais, je suis bien ici, avec les gens.

Et puis il y a ceux que j’ai rencontré très récemment, Mimi, Soreti, Sista Zai, Candy Bowers, les gens que j’ai rencontré en Australie, Gary Foley, activiste aborigène, qui sera sûrement un jour dans les livres d’histoires. Il a lutté toute sa vie pour éviter les massacres des aborigènes. Tu viens de me faire réaliser que j’avais une grande liste. Alors merci !

Quel serait ton rêve pour la société de demain ? pour les générations futures ?

La démocratie pertinente.

C’est toujours la paix, mais en langue politique et systémique. Cela se traduit dans le système social. Qu’est ce que cela veut dire la démocratie pertinente ? Cela veut dire une place pour chaque personne, et chaque personne à sa place. Cela veut dire réaliser qu’il y a un temps pour tout, et un temps pour chacun. Permettre à chacun d’avoir ce temps là, c’est arrêter l’injustice. Certains ont tout le temps le droit, et d’autres n’ont jamais le droit. Qu’on partage un peu le gâteau du droit, de façon un peu plus équitable. Qu’on célèbre notre diversité, vraiment. Pas comme un truc joli sur un papier, comme le mot « tolérance ». Qu’on réalise que la diversité, c’est la clé de tout.

Quelqu’un que tu trouves « con », demain, il te fera peut-être réaliser ta connerie. Aujourd’hui, j’ai pris conscience de ma connerie, pourtant, j’ai une intelligence, qui est très célébrée dans notre société. C’est donc difficile pour moi de voir ma connerie. J’ai toujours été consciente que j’avais en moi une part de connerie, mais comme elle n’est pas exprimée dans cette société, pour s’en rendre compte, c’est plus difficile. C’est le problème des privilégiés.

Le problème, c’est que physiquement, j’ai la tête de la non privilégiée. Je suis une femme, noire, de banlieue, pauvre. Je peux jouer la carte de la non privilégiée assez facilement. Je trouve que ce qui est particulier chez moi, j’ai la tête de la non privilégiée, mais j’ai quand même la vie de la privilégiée. J’ai l’intelligence qui est privilégiée dans le monde, je parle comme il faut, j’ai les papiers qu’il faut, ma mère a réussi à atteindre un niveau financier,  qui nous a permis de faire partie de cette classe moyenne, finalement, que moi-même je dépeins.

Je suis un mélange de Yin et Yang, « chelou », et moi, c’est ça, ce que je rêve pour la société de demain. C’est que quelques soient les êtres humains de demain – ils seront différents de nous – qu’ils aient la place d’être eux-mêmes. Qu’ils ne deviennent pas horribles, juste parce qu’on vit dans un monde où il n’y aurait pas de place, et qu’on soit obligés de s’enfermer toute notre vie, et que dès lors qu’on devient adulte, on explose comme des lions en cage. Je rêve qu’il n’y ait pas de cage. Qu’on laisse la nature mettre les cages qui sont déjà là. Il y a déjà assez de coups dans la vraie vie, il n’y a pas besoin que nous, on vienne en rajouter. Mon rêve pour demain, c’est qu’on soit moins con, y compris moi. Démocratie pertinente, c’est le mot joli. Du pouvoir pour tout le monde, mais au bon moment, au bon endroit, et que cela tourne, que ce soit dynamique.

Tu souhaites ajouter quelque chose ?

Merci.

Nassaum, dans ma langue.

Thank You, merci dans la langue qui m’a appris à me connaître.

Namaste, parce que je suis avec toi.

Vraiment merci.

 

Propos recueillis par Kristell L.

 

 

 

 

 

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