Artisane, Claire, 34 ans, a choisi de s’installer à Meyssac, en Corrèze, pour monter son atelier et pour se rapprocher de la nature. Elle a choisi le mot « chercheuse » pour se définir.
« Je suis convaincue que le meilleur cadeau que nous avons à offrir à la société, c’est d’être pleinement soi-même. »
Lorsque tu étais enfant, quel était ton rêve ?
Je voulais être joueuse de tennis, je voulais être Monica Seles. Je jouais au tennis, mais c’est « le rêve complètement avorté ». J’ai arrêté de jouer au tennis en 6ème, parce que « j’avais trop de travail ». Sinon, je n’avais pas d’autres rêves. C’était vraiment mon rêve d’enfant, d’être joueuse de tennis professionnelle à haut niveau.
As-tu déjà réalisé un de tes rêves ? Si oui, lequel ?
Oui, j’ai réalisé le rêve d’être créatrice. Même si je ne le suis pas vraiment. Je ressentais une certaine envie, une certaine jalousie, il y a quelques années, pour toutes ces filles, tous ces gens, qui étaient créateurs et qui osaient se lancer, qui osaient avoir l’audace de proposer des choses. J’ai fini par comprendre que, ce que je ressentais, c’est ce quelque chose en moi, qui voulait s’exprimer, mais qui n’osait pas. Et là, je suis en train de réaliser ce rêve maintenant. Et l’autre rêve, que je suis en train de réaliser, c’est de revenir à la nature, avec cet atelier. La vie me fait ce beau cadeau de m’offrir le deux en un, c’est génial, non ? Là, j’ouvre les deux portes de mon atelier, et j’ai cette vue sur des collines, des arbres… C’est mon quotidien désormais. Je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais de m’être offert ce quotidien-là, je me suis fait un sacré cadeau.
Quel est ton rêve aujourd’hui ?
Mon rêve, c’est de vivre sans peurs. Cela ne veut pas dire être tête brûlée, c’est d’être dans l’accueil, et la confiance, dans l’accueil de ce qui est, et dans la confiance quoi qu’il arrive. Cela implique, pour les relations, d’arrêter d’avoir peur d’être abandonnée, d’avoir peur pour la création, la santé, les finances. Cela implique aussi d’être dans l’écoute intérieure.
Quel serait ton rêve pour la société de demain ?
C’est drôle, je me suis dit, « j’aimerais bien rajouter une chose sur ma contribution pour le monde ». Cela fait aussi partie de mon rêve. Là on se situe, sur de l’ordre du vouloir, et je ne suis pas sûre d’avoir envie d’être dans le vouloir. Je ne suis pas sûre d’avoir envie d’être une activiste dans la société. Je suis convaincue, que le meilleur cadeau que nous avons à offrir à la société, c’est d’être pleinement soi-même. Et mon rêve, et c’est un souhait sur lequel, je n’ai aucune prise, et je ne veux en avoir aucune, c’est que le chemin que je fais, contribue à remplir un énorme réservoir de belles énergies, qui pourra servir à tout le monde. Juste semer des graines un peu invisibles, et tu ne sais pas où elles vont pousser, mais à la limite, ce n’est pas ton problème. Parce que c’est plus ce que les autres choisissent d’y voir, en fait. Ce qui résonne en eux, qu’ils vont puiser en moi. Comme moi, lorsque je voyais ces créatrices, avant, et qu’elles ont réveillé cette envie, ce désir de créer en moi. Tout était déjà là en moi. Elles ont juste été des miroirs.
Tu aurais quelque chose à ajouter ?
Oui et non. Cela rejoint un peu ce que je disais. Il y a ce type de citations, qui disent « suis tes rêves », ou « va au bout de tes rêves ». Et ça c’est important, et ce qui est génial aussi, beau et goûteux, c’est cette forme de résonnances dans le silence, cette forme d’intériorité, de sobriété du chemin. Il n’y a pas besoin d’accomplir des grands exploits, juste être dans la pleine présence de soi, et ça c’est déjà énorme. On n’a pas besoin de faire des choses illustres, parce que, finalement, les grands serviteurs ne sont peut-être jamais connus.
Propos recueillis par Kristell L.